bienfaits écologiques de l'algoculture


La culture des algues, plus particulièrement celle des laminaires, est généralement considérée comme la forme d’aquaculture la moins dommageable pour l’environnement. On lui attribue même plutôt des vertus!


Le Monterey Bay Aquarium, dans le cadre de son programme Seafood Watch, a donné le score élevé de 7,9/10 aux algues de culture en 2014. Il considère qu’elles font partie des meilleurs choix de consommation écoresponsables1.

En Chine, dans la baie de Sanggou, une étude2 a démontré que la culture des laminaires à grande échelle avait peu d’impact sur l’environnement des fonds marins. Une autre étude3 suggère que les zones de culture intensive de laminaires contribuent à réduire localement la disponibilité en azote inorganique et en phosphore dissous. En d’autres termes, elles semblent ralentir le phénomène d’eutrophisation (accumulation de débris organiques pouvant causer une forte réduction de l’oxygène dissous disponible) et d’acidification des océans.

En aquaculture intensive, les élevages d’animaux en monoculture (ex. : l’élevage de saumon de l’Atlantique) ont l’inconvénient de représenter à la fois une source d’émission de CO2, de molécules organiques et de molécules azotées dans l’environnement, notamment sous forme d’urée et d’ammoniaque.

Un nouveau mode de pensée émerge dans l’industrie : on encourage le développement d’une aquaculture multitrophique intégrée4, qui combine plusieurs espèces écologiquement complémentaires5. Dans ce nouveau modèle économique, les cultures d’algues ont un rôle important à jouer puisqu’elles produisent de l’oxygène et captent le CO2 ainsi que l’azote inorganique (NO3, NH4) et organique (urée). Il a déjà été mentionné qu’en Chine, la coculture mollusques-algues améliore les performances de croissance et la qualité des deux productions6.

L’algoculture favorise :

L’augmentation de la biodiversité locale : les crampons des laminaires cultivées sur des cordes en suspension abritent une plus grande diversité de macroinvertébrés (nématodes, polychètes, mollusques, décapodes, amphipodes) que ceux des laminaires sauvages benthiques (c’est-à-dire qui poussent sur le fond marin7);

La stabilisation locale du pH par absorption, séquestration et transformation du CO2 dissous en carbone organique, ce qui aide à la lutte contre l’acidification des océans8, 9 ;

La réduction de l’eutrophisation des zones côtières par l’absorption et la séquestration des excès d’azote et de phosphore dissous3 ;

L’augmentation locale de la concentration en oxygène dissous10 ;

L’atténuation de l’énergie des courants, des vagues et de l’érosion côtière, ce qui confère aussi une protection pour les cultures de mollusques.

RÉFÉRENCES
  1. Andrea FLYNN (2014), Monterey Bay Aquarium Seafood Watch. Farmed seaweed. Worldwide, all production systems, 43 pages. [http://seafood.ocean.org/wp-content/uploads/2016/10/Seaweed-Farmed-Worldwide.pdf]

  2. Xing Hai ZHANG (2009), cité dans Nathalie BOURGOUGNON (2014), « Sea Plants, volume 71 », Advances in botanical research. Academic Press, 580 pages.

  3. Yoshiaki MAITA, et collab. (1991), « Nutrient environment in natural and cultivated grounds of Laminaria japonica », Bulletin of the Faculty of Fisheries Hokkaido University, vol. 42 (3), pages 98-106.

  4. Thierry CHOPIN (2015), « Marine Aquaculture in Canada: Well Established Monocultures of Finfish and Shellfish and an Emerging Integrated Muti-Trophic Aquaculture (IMTA) Approach Including Seaweeds, Other Invertebrates, and Microbial Communities », Fisheries, vol. 40 (1), pages 28-31.

  5. Amir NEORI, et collab. (2004), « Integrated Aquaculture: Rationale évolution and state of the art emphasizing seaweed biofiltration in modern mariculture”, Aquaculture, vol. 231 (1-4), pages 361-391. 6. FAO (1989), « Culture of kelp (Laminaria japonica) in China », RAS/86/024, Training manual, 89/5, 130 pages.

  6. FAO (1989), « Culture of kelp (Laminaria japonica) in China », RAS/86/024, Training manual, 89/5, 130 pages.

  7. Aimee WALLS, et collab. (2016), « Potential novel habitat created by holdfasts from cultivated Laminaria digitata: assessing the macroinvertebrate assemblages », Aquaculture environment interactions, vol. 8, pages 157-169.

  8. Zengje JIANG, et collab. (2013), « Influence of Seaweed Aquaculture on Marine Inorganic Carbon Dynamics and Sea-air CO2 Flux », Journal of the World Aquaculture Society, vol. 44 (1), pages 133-140.

  9. Dorte KRAUSE-JENSEN, et collab. (2015), « Macroalgae contribute to nested mosaics of pH variability in a subarctic fjord », Biogeosciences, vol. 12, pages 4895-4911.

  10. A. BUSCHMANN dans Nathalie BOURGOUGNON, op. cit.

  11. Éric TAMIGNEAUX, et collab. (2014), Présentation Algoculture : Bilan des essais de culture menés au Québec, Merinov. [http://www.merinov.ca/fr/app-publication/item/presentation-algoculture]

  12. Éric TAMIGNEAUX, et collab. (2013), Protocoles pour la culture de la laminaire à long stipe (Saccharina longicruris) et de la laminaire sucrée (Saccharina latissima) dans le contexte du Québec, Guide no 13-01, Merinov, 45 pages. [http://www.merinov.ca/fr/app-publication/item/laminaire-a-long-stipe]